Audrey regardait au loin devant elle. Elle ne réalisait pas qu’elle était au Népal en hauteur dans les Annapurna devant une grotte cachée par une cascade. Seule avec son guide resté juste un peu plus bas, elle contemplait la vallée brumeuse que le soleil commençait à réchauffer. Quelque chose lui semblait irréel, elle se sentait extrêmement vivante et en même temps en complet décalage sans pouvoir expliquer pourquoi. Elle ne connaissait pas du tout ce sentiment. Ce voyage était intense, les paysages, les rencontres, les efforts, les sensations, les odeurs, les couleurs, rien ne la laissait indifférente. Elle gardait notamment en elle ce souvenir de marche, dans le lit du fleuve Kali Gandaki, au pied des montagnes majestueuses du Dhaulagiri et des Annapurna, dans une lumière dont la limpidité n’existait nulle part ailleurs. Elle s’était sentie minuscule, sans importance, devant cette nature imposante, immuable, que les nuages venaient caresser dans le silence du vent. Un sentiment de profonde humilité s’était gravé dans son coeur.