Confinée depuis 19 jours, Audrey avait pris pour habitude de se mettre à la fenêtre vers 12:12 pour profiter de ce rayon chaud qui atterrissait chez elle. Le visage tourné vers le soleil, elle pensait aux rayons ultraviolet. Cela lui rappelait qu’adolescente, elle était réfractaire aux sciences physiques qui lui racontaient “le comment” alors qu’elle voulait comprendre “le pourquoi.” Seule l’Optique l’avait fascinée. Elle avait réalisé que le monde unique, uniforme, n’existait pas, que chaque individu filtrait la lumière à sa façon et en faisait une réalité distincte. Qu’au total, quand un humain fermait définitivement ses yeux, un monde disparaissait, son prisme unique ne serait pas remplacé. Douloureuse conclusion, un brin romantique, sur l’intensité de la vie et le trésor que représentait chacun. Mieux valait oublier tout cela et se faire tanner par le soleil de midi, tel un lézard hagard collé sur un mur blanc.