
Heureuse et pleine de défauts. Etre aimée, pleine de défauts. Ou plutôt, s’aimer elle-même pleine de défauts, d’insuffisance, de petitesse, de mesquinerie, de peur, de panique, de regret, de culpabilité, de renoncement, d’outrage, de vulgarité, et le pire selon elle, de méchanceté. Hum, la liste était longue. Audrey aimait cette liste déjà, elle savait qu’elle était tout cela et tout le reste aussi. La lumière qui vient après l’ombre, la générosité avec l’avarice, la flexibilité avec la droiture, la douceur avec la sévérité, la rebellion avec la règle, la gentillesse avec la brutalité, la grâce après la petitesse, quel subtil équilibre. Elle ne voulait plus être qu’une seule chose, parfaite ou imparfaite, elle se le répétait si souvent. Audrey avait le sentiment d’avoir besoin d’une éternité encore pour s’expérimenter elle-même. Et pourtant la vie allait ralentir, elle devait s’enfermer encore une fois, le cercle du nouveau allait se rétrécir pendant ce confinement. Mais c’était décidé, elle en ferait un renouveau, en partie virtuel certes, mais ressenti.